Dieu est mort, l'affaire devrait être entendue - même si, selon l'usage, l'on n'a jamais autant parlé de Lui que depuis la publication (par Nietzsche) de son avis de décès. Pourquoi y revenir ? Parce que certains et non des moindres persistent à nier l'évidence. C'est à eux, aux convaincus fourvoyés, chercheurs parfois sincères de la vérité, et non tant aux athées que s'adresse ici Alain Tête, philosophe de son état, et théologien par passion secrète. Si Dieu est vraiment mort, observent les esprits logiques, son cadavre doit bien se trouver quelque part. L'auteur, Sherlock Holmes en charge d'enquêter sur ce décès suspect (s'agit-il d'un assassinat ?), a rassemblé des indices accablants : ce sont les religions monothéistes - la chrétienne surtout- qui ont commis le crime. Quant au corps de la victime, plutôt que de le cacher, on a choisi de l'embaumer, et le troupeau des fidèles -intégristes et modernistes confondus - n'y a vu que du feu. C'est donc à la momie de Dieu qu'il faut désormais s'en prendre. Ses prestiges tutélaires ont tenu le coup tant bien que mal (au vrai, de moins en moins bien). On n'a pas regardé à la dépense pour donner à la dépouille l'apparence de la vie. Mais il arrive un temps où la momie tombe à son tour en poussière. Nous en sommes là. On l'aura compris, ce Contre Dieu n'est pas seulement un " traité " mais un règlement de comptes où tous les coups sont permis pourvu qu'ils soient portés avec art - avec style. Le départ du regretté E.M. Cioran menaçait de nous déshabituer de cela. Alain Tête nous apprend au moins une bonne nouvelle : la relève est assurée.